Je profite d’un séjour en Ardenne avec ma famille en période du brâme du cerf, pour nous inscrire à une soirée d’écoute du brâme organisé par le CRIE du Fourneau Saint-Michel. Conférence super intéressante sur la vie des cervidés, suivie d’une écoute dans la forêt de Saint-Hubert. L’occasion parfaite de partager cette expérience avec mon père qui n’a encore jamais entendu un cerf brâmer.
Rendez-vous à l’aérodrome de Saint-Hubert
Tout d’abord un peu de théorie… La soirée commence par un exposé d’une quarantaine de minute, par Tony Rock, sur le cerf et la raison du brâme. La conférence est très intéressante et nécessaire pour comprendre les différents types de brâmes lorsqu’on ira en forêt.
J’y apprends les différences entre un daguet, un cerf, un vieux cerf, … et comment se comportent les cerfs entre eux durant les périodes de reproduction, qui ne dure que 3 semaines par an.
Les jeunes cerfs (daguets) brâment et se battent gentiment en tant qu’entrainement pour les prochaines années. Ils ne courtisent pas encore les femelles. Tandis que les vieux cerfs, reconnaissables grâces à leurs bois qui comportent plusieurs ramifications, brâment également mais se battent réellement pour s’approprier une horde de biche et avoir l’honneur de les féconder. Les combats sont impressionnants et peuvent parfois causer des blessures mortelles. Les cerfs perdent en moyenne 20% de leur masse en cette période.
Nous sommes maintenant tous impatients de passer à la pratique !
Comme il y a deux groupes de 30 personnes, nous devons attendre le retour du premier car pour se mettre en route. Le car nous déposera à un autre endroit, pour éviter de se retrouver à 60 personnes au même point d’écoute, ça serait trop bruyant pour nous, et pour les cerfs.
Saviez-vous que le regroupement entre cerfs et biches n’existe qu’en période de reproduction ? Le reste de l’année, les cerfs vivent entre mâles tandis que les biches et leurs faons resteront ensemble.
La gestation dure 35 semaines et c’est la mère qui s’occupera du petit à la naissance prévue entre mi-mai et mi-juin. Le faon reste caché et la mère s’éloigne pour lui amener de la nourriture, sans toutefois le quitter de son odorat, le temps qu’il puisse prendre des forces et rejoindre la horde de biches. En cas de danger, le faon bloquera la sécrétion de son larmier, qui alertera immédiatement sa maman.
C’est pourquoi il est important de ne pas déranger la période du brâme, sans quoi la fécondation sera retardée et le faon naitra trop tard, il n’aura dès lors pas le temps de prendre des forces avant l’hiver prochain.
Direction la forêt
Nous prenons le petit car en direction de la forêt de Saint-Hubert, dans un endroit privé, et interdit d’accès en temps normal. Non, le car ne fera pas fuir les cerfs, il nous dépose suffisamment loin d’eux pour ne pas les déranger. Ensuite, nous marcherons quelques minutes en suivant le guide. Le tout dans le silence, nous n’entendons que le bruit de nos pas.
L’avantage d’être accompagné d’un guide nature, c’est qu’il nous emmène au bon endroit pour écouter les cerfs brâmer. En fonction des conditions climatiques, il sait où se placer pour mieux les entendre sans les déranger. Un cerf a un odorat très développé et peut nous sentir à plusieurs centaines de mètres. Si le vent souffle dans sa direction, il nous sentira et risquera de partir.
Après 5 minutes de marche dans le noir, le guide nous fait signe de s’arrêter, nous sommes bien placés.
Nous voilà donc au milieu de la forêt, sur un sentier, juste à côté de plusieurs clairières.
Mettez-vous dans l’herbe, ne restez pas dans les graviers. N’hésitez pas à vous retirer légèrement du groupe, pour ne plus entendre les frottements des vestes, les toux et mouchoirs de vos camarades. Ce sont de tous petits bruits, mais combinés tous ensemble, cela peut gêner le but de l’écoute : le brâme du cerf.
N’espérez pas voir les biches ou un cerf, il fait nuit. Mais tendez l’oreille et profitez de ce son hors du commun. La première fois, vous aurez l’impression d’entendre un mixte entre un dinosaure et une vache.
Un week-end en Ardenne à l'écoute du brâme du cerf
Profitez de l’automne pour passer un séjour en Ardenne ! Au programme : balade à la cueillette des champignons la journée et écoute du brame le soir, vous ne pourrez pas mieux profiter de la fin de l’été !
La lueur de la lune suffit pour éclairer le chemin et nos yeux s’habituent vite à l’obscurité. Le spectacle commence déjà lors de cette balade au clair de lune. Les silhouettes des arbres, l’occasion d’admirer les étoiles sans la pollution lumineuse des villes.
Le bruit de la forêt, et enfin, le bruit des cerfs. On les entend de l’autre côté de la vallée, ils brâment à plusieurs. On les entend distinctement au loin à gauche, et au loin à droite, environ toutes les 20 secondes. Ils sont visiblement 2 ou 3 à brâmer pour attirer les femelles et surenchérir avec les brâmes des autres cerfs. On reconnait les exemples de brâmes courts et longs qu’on a pu comparer durant la conférence. Les courts sont synonymes de proximité entre les mâles, lorsqu’ils s’affrontent, avant un combat. Le combat n’a pas toujours lieu, le brâme suffit parfois à faire fuir l’adversaire. Les brâmes longs sont plutôt employés pour montrer leur puissance, attirer les femelles et déjà impressionner les adversaires. On ne les voit pas mais on les entend distinctement et on peut les imaginer.
Après 30 bonnes minutes d’écoute, le car vient nous rechercher pour nous ramener à l’aérodrome de Saint-Hubert où une bonne soupe forestière nous attend.
Sur le trajet du retour, tout le monde discute de ses impressions, pose des questions, partage ses connaissances, et on reconnait les accents de chacun. Les gens viennent de loin pour tester cette expérience unique, et en profitent pour séjourner tout un week-end à Saint-Hubert.
La bonne soupe pour nous réchauffer
Il fait faim à 21h45 ? !
Une délicieuse soupe forestière aux champignons des bois et du bon pain gris nous attendent. De quoi nous réchauffer et l’occasion de partager nos impressions sur la soirée. L’ambiance est amicale et les organisateurs nous resservent avec la grosse marmite, miam miam.
Mes impressions
Pour ma part, je suis ravie, j’ai appris de nombreuses informations sur la vie des cervidés et la raison du brâme. On s’est promenés au clair de lune et on a pris un bon bol d’air. De plus, on les a entendus ! La soupe pour terminer la soirée était la cerise sur le gâteau.
Pour encore plus d’informations sur le brâme en Ardenne, n’hésitez pas à jeter un œil sur notre autre article.
Points forts
- Explications avant l’écoute
- Lieu privilégié
- Soupe délicieuse à la fin
- Le guide sait où nous emmener pour avoir le plus de chance d’entendre bramer
Points faibles
- Groupe conséquent (30 personnes), un peu trop de bruits parasites du groupe
- Temps d’attente pour gérer 2 groupes de 30 personnes
Bon à savoir
- Portez des habits foncés, qui font peu de bruits de frottement
- Habillez-vous chaudement (gants, bonnet et écharpe)
- Posez vos questions avant, car sur place, vous n’aurez plus l’occasion de parler
- Le silence est maître mot pendant l’écoute
- Pas de lampe de poche, vos yeux s’habitueront très vite à l’obscurité
- Chaussures de marche
- Placez-vous dans l’herbe, vous entendrez moins de bruits parasites de vos pieds qui touchent des pierres, et cela vous permettra de mieux entendre le brâme.
- À réserver à l’avance auprès du CRIE du Fourneau-Saint-Michel à Saint-Hubert (http://www.criesthubert.be/agenda/) : conférence + écoute accompagnée + soupe (7€). Parking à l’aérodrome de Saint-Hubert.